Les agneaux des prés salés de la Baie de Somme

Quand j’ai rencontré Édouard, il était assis sur le banc d’une des hutte de chasse à moitié enterrée, des huttes qui se comptent par dizaines, là où de nombreux chasseurs s’adonnent à la chasse au canard en automne et en hiver, dans cette vaste baie et ses prés régulièrement inondés de l’eau de mer, laissant sur les plantes rases une pellicule pâle et blanche, dépôt des terres sableuses et du sel charriés par les courants et les marées. Dans cet endroit magnifique, loin du tumulte du tourisme des villes voisines, un troupeau de moutons et agneaux comptant 500 têtes paît calmement sous l’œil du berger et de son chien. Berger depuis quelques années seulement, Édouard connaît parfaitement son métier qu’il a pratiqué depuis l’enfance. Cela nécessite -entre beaucoup d’autres choses-, une connaissance aigüe du lieu, pour guider les moutons vers les points d’eau saumâtre et éviter les ravines et les méandres notamment. Le troupeau est élevé sur ces terres pauvres car impropres à la culture mais parfait pour les moutons et leurs agneaux, qui sont ensuite vendus pour la consommation, sous le label de l’AOP “viande d’agneaux des prés-salés de la Baie de Somme”. Les agneaux sont élevés bien plus longtemps que ceux d’ailleurs, car leur croissance est allongée, du fait de leur alimentation basée sur le pâturage. Édouard et son père sont parmi la dizaine d’éleveurs d’agneaux de la baie parmi lesquels seuls 4 bergers pratiquent cette forme d’élevage qui façonne le paysage des prés de la baie et qui perdure depuis plusieurs siècles.